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L'observatoire - Observatoire Océanologique de Villefranche-sur-Mer

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Histoire de l'Observatoire Océanologique de Villefranche-sur-Mer

 

Le premier laboratoire marin de Villefranche-sur-Mer fut créé au 19ème siècle dans les bâtiments construits dans le port de la Darse par la Maison de Savoie.
Le duc de Savoie devait alors entretenir des galères pour défendre son territoire, et son unique accès à la mer était la rade de Villefranche; Nice n’ayant à l’époque pas encore de port.
A la fin de la période du bagne, les bâtiments, dont celui dit « des galériens » et sa forge, furent cédés temporairement à la marine impériale russe.

Au milieu du 19ième siècle, le naturaliste allemand Carl VOGT (1817-1895) explore la faune pélagique de Nice et de la rade de Villefranche-sur-Mer et publie en 1852-53 ses premiers traités sur "les Siphonophores et les Tuniciers nageant de la mer de Nice, les Salpes".
En 1860, VOGT suggère la création d’un laboratoire à Villefranche et d’une Faculté des Sciences à Nice.

C. VOGT n’était pas le seul à cette époque à ressentir la nécessité de laboratoires marins.
En France et en Europe on assiste à une véritable prolifération des laboratoires au bord de la mer : V. COSTE fonde un laboratoire à Concarneau dés 1859, H. de LACAZE-DUTHIERS à Roscoff en 1872, A. DOHRN à Naples en 1872, A. GIARD en 1874 à Wimereux, A. F. MARION en 1888 à Marseille (Endoume), A. SABATIER à Sète en 1879 mais aussi en Italie, en Grande Bretagne, etc.
En 1881, H. LACAZE-DUTHIERS ouvre un autre laboratoire marin à Banyuls-sur-Mer.

Hermann FOL, qui a mis en évidence les premiers instants de la fécondation de l’oeuf de l'étoile de mer à Messine, vient d’être nommé professeur à l’Université de Genève.
En 1879, il séjourne à Nice et récolte du plancton dans la baie de Villefranche. Il rencontre Jules BARROIS et s’associe à lui pour installer un laboratoire dans le lazaret de l’ancien arsenal de Villefranche.
FOL et BARROIS sont à la fois zoologistes et embryologistes.
A cette époque BARROIS écritNouvelle fenêtre à Charles DARWIN pour lui demander son soutien. Il reçoit une réponse qui l’encourageNouvelle fenêtre.
En novembre 1881, un laboratoire des Hautes études est créé à Villefranche dont Barrois est nommé directeur.

A partir de 1881, de nombreux naturalistes sont accueillis par FOL et BARROIS. La liste inclut des naturalistes prestigieux tels SELENKA et I. METCHNIKOV, ou de jeunes docteurs d’origine russe, comme A. KOROTNEFF et M. DAVIDOFF, qui étudient la biologie et le développement des tuniciers, échinodermes, cnidaires et cténaires de la baie.

C’est Alexis KOROTNEFF (1852-1915), professeur à l’Université de Kiev, qui propose de demander officiellement à la Marine impériale russe l’utilisation, en tant que laboratoire marin, de la « Maison Russe » (l’ancien bagne), dont l’usufruit avait été accordé à la Russie.
En 1885, un acte officiel du Ministère de la Marine Impériale Russe à Saint-Petersbourg concède au laboratoire la jouissance du « Bâtiment des galériens ».

 


Les bâtiments de l’Observatoire Océanologique de Villefranche-sur-mer.

 

En 1889, H. FOL et J. BARROIS ayant quitté la "Maison Russe", le laboratoire prend le nom de "Station Zoologique russe".
En 1900,
le laboratoire achète un bateau à moteur : la Velella, qui permettra de récolter les animaux marin en surface et en profondeur.
Alexis KOROTNEFF dirigera le laboratoire russe jusqu'à sa mort en 1915. Michel DAVIDOFF,
son assistant, lui succèdera.

Malgré l’avènement du régime communiste à Moscou la Station Russe de Zoologie subsistera jusqu’en 1927 grâce au soutien ponctuel d’institutions académiques tchèques et françaises.
Il faudra cependant attendre 1931 pour que le laboratoire, rebaptisé « Station Zoologique », soit affecté officiellement au Ministère de l’Education Nationale, mis à la disposition de l’Université de Paris et rattaché au laboratoire Arago de Banyuls-sur-Mer.

Grégoire TRÉGOUBOFF, un zoologiste russe engagé comme assistant en 1913 sera sous-directeur résident de 1931 à 1956. Il est auteur avec M. Rose, professeur de l’université d’Alger, d’un ouvrage sur le plancton Méditerranéen qui reste une référence.

Au cours des années 60 et 80, le laboratoire devient le premier centre océanographique pluridisciplinaire universitaire français et par le regroupement avec le laboratoire de physique et chimie et le laboratoire de géologie dynamique, devient progressivement l’Observatoire Océanologique qu’il est de nos jours.

 

 Cartographie de détail récente (2010) de la rade de Villefranche. Document réalisé à partir de bathymétrie multifaisceaux par A. Dano (Géoazur) avec des moyens mis en œuvre par la Société Cadden

 

La topographie et l’hydrodynamique de la rade de Villefranche-sur-Mer et de la mer Ligure sont particulièrement adaptées à l’enseignement et à la recherche en écologie, biologie, océanographie et géologie.
La rade débouche très vite sur des fonds importants, facilement accessibles, avec une faune planctonique exceptionnelle, côtière et hauturière, transportée par le courant Ligure qui circule au large.

L'OOV se caractérise vite par sa multidisciplinarité.

A l'automne 1965, la France quitte l'OTAN. Le navire amiral de la sixième flotte américaine quitte la rade de Villefranche et la Marine Américaine libère les magasins et entrepôts dont elle disposait dans la partie ouest de la Caserne Nicolas (autre appellation de la Corderie de la Darse).
Ces locaux rétrocédés aux autorités militaires françaises sont alors attribués à l’Education Nationale et sont dévolus à la Faculté des Sciences de Paris, à l’instar des autres bâtiments historiques telle l’ancienne galère consacrée à la recherche et l’enseignement scientifique.
De fait, la partie Est de la Corderie avait déjà été réaménagée et accueillait (depuis 1964) « La Station de Géodynamique Sous-Marine » créée par le Pr. GLANGEAUD à la suite du départ du Pr. BOURCART.
Le Pr. Alexandre IVANOFF obtint du Doyen de la Faculté des Sciences de Paris, Marc ZAMANSKY, l’attribution des locaux nouvellement dégagés pour y installer un « Laboratoire d’Océanographie Physique ».

Les conditions politiques en 1981 favorisent la création de nouvelles « équipes de recherche ».
Roger LALLIER est le premier responsable de l’équipe « Fécondation et Développement » de 1982 à 1985.
En 1986, Christian SARDET prend la direction d’un nouveau « Laboratoire de Biologie Cellulaire Marine » sous l’égide du CNRS et de l’UPMC et ce jusqu’en 1998. Ce nouveau laboratoire partage les locaux du bâtiment des galériens avec le « Laboratoire d’Ecologie du Plancton Marin » dirigé par Paul BOUGIS (qui dirige la Station zoologique depuis 1957) puis par Paul NIVAL.

Un nouveau laboratoire « Le laboratoire Jean MAETZ » est construit dans les années 1980; il abrite alors une équipe de recherche en physiologie du CEA (Commissariat à l’Energie Atomique) et des locaux d’enseignement.

Administrativement, un pas décisif est franchi en 1985-86. En effet, à cette époque, sur décision du Conseil Scientifique de l’UPMC, l’ensemble des laboratoires de Villefranche-sur-Mer est regroupé, devenant le CEROV. Puis, en 1989, avec le statut d’« Ecole Interne de l’Université Pierre & Marie Curie », cet ensemble de laboratoires acquiert la dénomination qui est la sienne actuellement, celle de l’« Observatoire Océanologique de Villefranche sur mer (OOV)».
L’OOV est également un OSU (Observatoire des sciences de l'univers) créé par décret des ministères de tutelle (Recherche, Education Nationale) sur proposition du Conseil de l'INSU.

Fin 2011 est inauguré le « Centre de Collection du Zooplancton Jean Charles POMEROL » dans le bâtiment Jean Maetz.
En 2014 débute la construction d’un bâtiment de résidence de 60 lits avec auditorium et parking sous-terrain.
Un nouveau bateau de 12m, le Sagitta III, est baptisé le 26 juin 2015.

En même temps se poursuit la modernisation des bâtiments des Galériens et de la Corderie et débutent les travaux du pompage en eau profonde pour alimenter les aquariums.

En 2015 l’OOV fête son 130ème anniversaire.